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Le Livre des Métiers d’Etienne Boileau

Par René de Lespinasse et François Bonnardot.

Paris: Imprimerie Nationale, 1879

 

Kommentar zur 6e Groupe (Bâtiment et Métiers divers), LXXXVII-XC

Der nachfolgende Text, 88-92, mit Marginalien, die hier weggelassen sind.

 

Die Ausgabe des Livre von G.-B. Depping (Paris: Imprimerie de Crapelet, 1887) weicht in Text und Anmerkungen ganz leicht von der Ausgabe 1879 ab (rot) und die Numerierung der Abschnitte fehlt.

 

Der nachfolgende Text entspricht weitgehend der Ausgabe von 1887.

Die Numerierung wurde von der Ausgabe 1879 übernommen.

Die Anmerkungen wurden von der Ausgabe 1887 übernommen.

 

 

TITRE XLVIII.

 

 

Des Maçons, des Tailleurs de pierre, des Plastriers et des Morteliers.

 

 

I. Il puet estre maçon à Paris qui veut, pour tant que il sache le mestier, et qu'il œvre as us et aus coustumes du mestier, qui tel sunt:

 

II Nus ne puet avoir en leur mestier que j aprentis, et se il a aprentis, il ne le puet prendre à mains de vj ans de service; mès à plus de service le puet-il bien prendre et à argent, se avoir le puet. Et se il le prenoit à mains de vj anz, il est à xx s. de parisis d'amende, à paier à la chapèle monseigneur S. Blesve (1), se ce n'estoient ses filz tant seulement nez de loial mariage.

 

III. Li maçon pueent bien prendre j autre aprentiz si tost come li autre aura acompli v ans, à quelque terme que il eust le premier aprentis prins.

 

IV. Li Rois qui ore est, cui Diex doinst bone vie (2), a donc la mestrise des maçons à mestre Guillaume de Saint-Patu tant come il li plaira (3). Lequel mestre Guillaume jura à Paris es loges du Palès (4) pardevant dit que il le mestier desus dit garderoit bien et loiaument à son pooir ausi pour le poure come pour le riche, et pour le foible come pour le fort, tant come il plairoit au Roy que il gardast le mestier devant dit. Et puis icelui mestre Guillaume fist la forme du serement devant dit par devant le prevost de Paris en Chastelet.

 

V. Li mortelier (5) et li plastrier sont de la meisme condicion et du meisme establisemens des maçons en toutes choses.

 

VI. Li mestres qui garde le mestier des maçons, des morteliers et des plastriers de Paris de par le Roy, puet avoir ij aprentis tant seulement en la manière desus dite, et se il en avoit plus des aprentis, il amenderoit en la manière desus devisée.

 

VII. Les maçons, les morteliers et les plastriers pueent avoir tant aides et vallès à leur mestier come il leur plaist, pour tant que il ne monstrent à nul de eus nul point de leur mestier.

 

VIII. Tuit li maçon, tuit li mortelier, tuit li plastrier doivent jurer seur sains que il le mestier devant dit garderont et feront bien et loiaument, chascun endroit soi, et que se il scevent que nul il mesprengne en aucune chose, qu'il ne face selonc les us et les coustumes del mestier devant dit, que il le feront à savoir au mestre toutes les fois que il le sauront, et par leur serement.

 

IX. Li mestres à cui li aprentis ait fet et il a par accompli son terme, doit venir pardevant le mestre du mestier, et tesmoigner que son aprentis a feit son terme bien et loiaument: et lors li mestres qui garde le mestier doit fère jurer à l'aprentis seur sains que il se contendra el aus us et as coustumes du mestier bien et léaument.

 

X. Nus ne puet ouvrer el mestier devant diz, puis nonne sonée à Nostre-Dame en charnage, et en quaresme au semedi, puis que vespres soient chantées à Nostre-Dame, se ce n'est à une arche ou à un degré fermer, ou à une huisserie faire fermant assise seur rue. Et se aucun ouvroit puis les eures devant dites, fors es ouvraignes desus devisées ou à besoing, il paieroit iiij den. d'amende au mestre qui garde le mestier, et en puet prendre li mestre les ostieuz à celui qui seroit reprins par l'amende.

 

XI. Li mortelier et li plastrier sont en la juridicion au mestre qui garde le mestier devant dit de par le Roy.

 

XII. Se uns plastiers envoioit plastre pour metre en oevre chiés aucun hom, li maçon qui oevre à celui à cui en envoit le plastre, doit prendre garde par son serement que la mesure del plastre soit bone et loiax; et se il en est en soupeçon de la mesure, il doit le plastre mesurer ou faire mesurer devant lui. Et se il treuve que la mesure ne soit bone, li plastrier en paiera v s. d'amende; c'est à savoir à la chapèle S. Bleive devant dite ij s., au mestre qui garde le mestier ij s., et à celui qui le plastre aura mesuré xij den. Et cil à qui le plastre aura esté livré, rabastera de chascune asnée (6) que il aura eue en cèle ouvrage autant come on aura trouvé en cèle qu'il aura esté mesurée de rechief; mès j sac tant seulement ne puet-on pas mesurer.

 

XIII. Nus ne puet estre plastrier à Paris se il ne paie v s. de parisis au mestre qui garde le mestier de par le Roy; et quant il a paié les v s., il doit jurer seur sains que il ne metra rien avec le plastre fors du plastre, et que il liverra bone mesure et loial.

 

XIV. Se li plastrier met avec son plastre autre chose que il ne doive, il est à v s. d'amende, à paier au mestre, toutes les fois qu'il en est reprins. Et se li plastriers en est coustumiers, ne ne s'en voille amender ne chastoier, li mestres li puet deffendre le mestier; et se li plastrier ne veut lessier le mestier pour le mestre, le mestre le doit faire savoir au prevost de Paris, et li prevoz doit celui plastrier faire forjurer le mestier devant dit.

 

XV. Li mortelier doivent jurer devant le mestre du mestier, et par devant autres preudeshomes du mestier, qu'il ne feront nul mortier, fors que de bon liois (7), et se il le feit d'autre pierre, ou li mortiers est de liois et est perciez au faire, il doit estre despeciez, et le doit amender au mestre du mestier de iiij den.

 

XVI. Li mortelier ne pueent prendre leur aprentis à mains de vj ans de service et cent s. de Paris pour euz aprendre.

 

XVII. Le mestre du mestier a la petite joustice et les amendes des maçons, des plastriers et des morteliers, et de leur aydes et de leur aprentis, tant come il plera au Roy, si come des entrepresures de leurs mestiers, et de bateures sanz sanc, et de clameur, hors mise la clameur de propriété.

 

XVIII. Se aucun des mestiers devant diz est adjornés devant le mestre qui garde le mestier, se il est defaillans, il est à iiij den. d'amende à paier au mestre; et se il vient à son jour, et il cognoît, il doit gagier; et se il ne paie dedenz les nuiz, il est à iiij den. d'amende à paier au mestre; et se il nie, et il a tort, il est à iiij den. à paier au mestre.

 

XIX. Le mestre qui garde le mestier ne puet lever que une amende de une querèle; et se cil qui l'amende a faite est si croides (8) et si foz que il ne voille obeir au conmendement le mestre, ou s'amende paier, le mestre li puet deffendre le mestier.

 

XX. Se aucuns du mestier devant dit à cui le mestier soit deffenduz de par le mestre, ovre puis la deffense le mestre, le mestre li puet oster ses ostiz (9), et tenir-les tant que il soit paie de s'amende; et se cil li voloit efforcier (10), le mestre le devroit faire savoir au prevost de Paris, et le prevost de Paris li devroit abatre la force.

 

XXI. Les maçons et les plastriers doivent le gueit et la taille et les autres redevances que li autre bourgois de Paris doivent au Roy.

 

XXII. Li mortelliers sont quite du gueit, et tout tailleur de pierre, très le tans Charles Martel, si come li preudome l'en (11) oi dire de père à fil (12).

 

XXIII. Le mestre qui garde le mestier de par lou Roy est quite du gueit pour le service que il li feit de garder son mestier.

 

XXIV. Cil qui ont lx ans passé, ne cil à qui sa fame gist, tant come èle gé, ne doivent point de gueit; mès il le doivent faire savoir à celi qui le gueit garde de par le Roi (13).

 

 

 

Anmerkungen

 

1) Écrit plus bas saint Bleive, et Ms. E, saint Bleue; c'est saint Blaise, patron des maçons et des charpentiers. En 1476, les deux corporations établirent leur confrérie sous ce vocable, dans une chapelle de la rue Garlande, qui avoit dépendu, à ce qu'il paroît, du prieuré de Saint-Julien-le-Pauvre.

 

2) Louis IX, sous le règne duquel les réglemens furent faits.

 

3) Ce passage a été corrigé dans la suite au Ms. B. ainsi qu'il suit:
„La mestrise des maçons a son maistre maçon, et jurra par-devant le prevost de Paris ou celi qui à ce fut establi que, etc.“

 

4) II est à remarquer que le siège de la juridiction de la maçonnerie à Paris continua d'être dans l'enclos du Palais; ce furent les maîtres généraux des bâtimens du Roi qui la conservérent jusqu'au dernier siècle. Cependant les statuts des maçons ne furent jamais renouvelés, et ce furent toujours les réglemens du temps de Louis IX et d'Ët. Boileau qui servirent de fondement aux règles de cette corporation.

 

5) Les artisans de cette classe habitoient principalement le voisinage de la Grève et de la rivière; la rue a conservé le nom de la Mortellerie.

 

6) Charge d’un âne.

 

7) C’était apparemment une pierre des environs de la capitale, propre à faire du bon mortier. Le mot de liois paroît avoir eu des significations très différentes l'une de l'autre. Ainsi, titre LII, où il est question des tapis, on l'a employé dans le sens de lez.

 

8) Ailleurs nous avons vu ce mot, venant probablement d'iratus, écrit errèdes.

 

9) Outils.

 

10) Résister avec violence.

 

11) L'ont ouï.

 

12) Cette déclaration naïve des prudhommes de la corporation des tailleurs de pierre est digne de remarque. Non seulement ils font remonter leur corporation jusqu'à la première race des rois de France, mais ils disent aussi qu'alors un héros célèbre a donné une marque de sa faveur aux tailleurs de pierre.
A la vérité, ils ne citent ni charte ni d'autre document historique à l'appui de leur assertion; ils avouent avec candeur que c'est ainsi qu'ils l'ont ouï dire de père en fils. Il existoit donc quelque tradition populaire d'après laquelle Charles, surnommé Martel à cause des rudes coups dont il accabloit les ennemis des Francs, avoit accordé un privilège aux ouvriers de Paris qui faisoient du marteau leur outil principal.
Nous avons ici un échantillon curieux de ces traditions populaires du moyen âge sur lesquelles on fondoit des prétentions à des privilèges et à des jouissances de droits.

 

13) A la suite du statut une autre main a écrit, dans le Ms. B, la note suivante:
„L'an de grâce mil ccc et xvij, le mardi après Noël, fu establiz jurez de ce mestier P. de Pontoise, par le conman
dement le Roy, en lieu de mestre Renaut le Breton.“

 


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